On ne passe plus aux Ecotois

Aujourd’hui, nous partons depuis Flavignerot, ce village du « Bout du Monde », à la recherche des rentes du Leuzeu, des Ecotois et de Chamerey, via le GR7, le « sentier bleu » et le « Jean Sagé ».

Avant le départ, Jean-Emmanuel nous fait une époustouflante démonstration de pompes renversées façon « Bernabé ». Intrépide et seule à essayer, Josiane réussira presque l’exercice, avant de mordre la poussière...Jean-Luc va faire subir des tests à ses bâtons tout neuf « Exclusive KV+ » et Jean-Pierre, membre de la bien connue confrérie des RGO (1), va essayer de ne pas percer ses belles chaussures neuves « Salomon ».  Je n’en démords pas, les bâtons « LEKI » sont les meilleurs, même si « KV+ » est un bon rapport qualité-prix. Quant au choix de Salomon, Jean-Emmanuel prétend qu’il s’agit là d’un « bon jugement...»

Très motivés par le « ravito» qui les attend à la fin de la marche, nos sept marcheurs attaquent le redoutable Col de la Miale. Encore ne faudra-t-il pas, à l’instar de Mekhisi à Zurich, tomber le maillot avant de franchir la ligne d’arrivée. Entre la Miale et le Leuzeu, Patrick et Jean-Emmanuel sautent prestement les flaques d'eau, sous les applaudissements des musaraignes, fouines et belettes cachées dans les fourrés. Laurence, elle, teste l’étanchéité de ses chaussures en ne résistant pas au plaisir de sauter les deux pieds dans une belle flaque d’eau bien « gadoue ».

La ferme du Leuzeu est toujours aussi magique.... Il se dit que  Marguerite de Bourgogne, épouse du roi de France, serait souvent venue dans cet ancien pavillon de chasse et qu’elle aurait épuisé de nombreux amants.

Du Leuzeu, nous nous dirigeons vers la rente des Ecotois en longeant le petit ruisseau du Leuzeu, par un itinéraire inédit rejoignant le Jean Sagé. Malgré le guide GPS « Oruxmaps » installé sur mon téléphone, nous ne trouverons pas le chemin Jean Sagé. Pourquoi ?... un propriétaire a acheté une vaste zone forestière autour de la rente des Ecotois et a tout simplement fermé l’accès au sentier de randonnée. Nous nous retrouvons face à un chemin interdit d’accès, un balisage supprimé et un panneau « propriété privée ».

Je suis conscient que le droit de propriété doit exister mais ces « passages millénaires de l’homme », ces « vraies traces de l’homme », comme les définit Henri Vincenot, font partie de notre patrimoine. Ils existent depuis des centaines d’années, pour certains d’entre eux. Il serait dommage qu’il en soit fini des sports de pleine nature, de la randonnée pédestre, des courses d’orientation et ...de la marche nordique en milieu forestier. Serait-il aberrant de considérer que le droit d’accès aux espaces, sites et itinéraires des forêts qui nous entourent devrait être « d’intérêt public » ? Une « servitude de passage d’intérêt public » ne devrait-elle pas être de mise lorsque des chemins de grandes randonnées sont concernés?

Ne voulant point risquer de nous retrouver face à un nouveau PPP (2), nous nous rabattons vers un itinéraire connu et pas encore interdit pour rejoindre la Miale. Mais les Ecotois et Chamerey ne sont que parties remises...

Les « Exclusive KV+ » de Jean-Luc ont réussi les épreuves de qualification tout chemin, les « Salomon » du RGO (1) Jean-Pierre ne sont pas percées et celles de Laurence sont toujours trempées. Personne n'a tombé le maillot avant l'arrivée. Déçus quelque peu par le changement d’itinéraire, les membres de la confrérie TPG (3) vont vite se réconforter. Dans un décor champêtre et bucolique, la succulente tarte maison aux mirabelles et à la rhubarbe de Jean-Emmanuel les attend en effet, accompagnée de bonnes eaux. Il s'agit plus exactement de « Bonnezeaux », vin blanc liquoreux de Maine et Loire que nous consommerons « avec modération » (sur recommandation de Josiane). 

(1)  RGO : Releveurs de Gros Orteils,

(2)  PPP : Propriétaire Ploutocrate Psychopathe

(3)  TPG : Tout Pour la Gueule